« Divorce à l’italienne »

Lundi 26 mai à 22 h 35 sur Arte. Quand Pietro Germi secouait l’Italie.

Le Monde | 26.05.2014 à 12h38 ‱ Mis Ă  jour le 26.05.2014 à 17h13 | Par Jean-Luc Douin

Le cinĂ©ma fait-il Ă©voluer les mƓurs. On peut dire que la comĂ©die italienne a fait bouger la sociĂ©tĂ© de la PĂ©ninsule, et citer un cas particulier. Divorce Ă  l’italienne. de Pietro Germi, qui, Ă  sa sortie en 1961, a fait autant pour l’admission du divorce dans les mentalitĂ©s que les discours politiques.

Le divorce est interdit en Italie quand Pietro Germi (1914-1974), un temps acteur, cinĂ©aste, timide et peu sociable, s’attaque Ă  ce sujet tabou. S’appuyant sur le fait que, dans le Sud, les tribunaux sont indulgents pour les crimes passionnels – les maris trompĂ©s ayant dĂ©cidĂ© de venger leur honneur –, Germi fustige l’hypocrisie de l’époque avec l’histoire d’un homme qui, pour se dĂ©barrasser de son Ă©pouse, n’a d’autre issue que de la tuer .

Le hĂ©ros de Divorce Ă  l’italienne (Oscar du meilleur scĂ©nario original en 1963) est le baron Ferdinand Cefalu, un aristocrate sicilien (Marcello Mastroianni) qui, amoureux de la craquante Angela (Stefania Sandrelli) et otage d’une abusive mĂ©gĂšre, imagine un acte radical. Pour obtenir la rĂ©duction de peine lĂ©gale accordĂ©e par l’article 587 du code pĂ©nal aux conjoints Ă  l’honneur conjugal bafouĂ©, il entreprend de chercher un amant potentiel Ă  sa future victime, afin de la prendre en flagrant dĂ©lit d’adultĂšre. TĂąche ardue, au regard de la laideur de la baronne.

Signé Ennio De Concini et Alfredo Giannetti, le scénario accumule les rebondissements et bouscule le machisme, le matriarcat, la morale, dans un genre qui aborde de front les problÚmes sexuels dans le couple.

Pietro Germi est le grand oubliĂ© de la comĂ©die italienne. C’est sur les conseils de Mario Monicelli qu’il bascule dans l’ironie et la satire, aprĂšs un dĂ©but de carriĂšre consacrĂ© Ă  la critique sociale. Il signe Meurtre Ă  l’italienne. en 1959, puis Divorce Ă  l’italienne. en 1961, qui reste l’une des meilleures comĂ©dies de l’aprĂšs-guerre, lance Stefania Sandrelli et aide Mastroianni, abonnĂ© aux personnages tragiques, Ă  faire peau neuve. C’est Ă  ce film que l’acteur doit sa rĂ©putation aux Etats-Unis. PaupiĂšre lourde, Ɠil gourmand, cheveu gominĂ©, il y est Ă©blouissant.

Germi situera la plupart de ses films en Sicile. Il signera SĂ©duite et abandonnĂ©e (1964), Ces messieurs-dames( « Signore & Signori », Palme d’or au Festival de Cannes en 1966) et ne sera pas pour rien dans le succĂšs de Mes chers amis (1975). malade, il avait demandĂ© Ă  Mario Monicelli de le rĂ©aliser Ă  sa place.

Pietro Germi - (Italie, 1961, 104 min). Avec Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Daniela Rocca.

Diffusion le lundi 26 mai Ă  22 h 35 sur Arte.